Deuxième jour.
Le soleil se lève sur les collines verdoyantes, l’air est plus frais (ça va pas durer), les insectes volètent tout autour, quelques oiseaux gazouillent, l’herbe ver(caca)doie, le blé ondule, c’est le calme plat, le grand silence… il est 7:59.
Le soleil se lève sur les collines, l’air se réchauffe nettement (ça va empirer), les insectes se sont tirés vite fait, les oiseaux aussi, l’herbe se rétracte, le blé regarde ailleurs, mais que se passe-t-il donc ?
Un tsunami sonore roule dans les corridors, se fracasse contre les parois, rebondit contre les portes ! Les plaques de plâtre se décollent des murs, les lampes se décrochent et se fracassent sur le sol ! Ce n’est qu’un séisme de magnitude 8 dû au premier hurlement de la journée !
« Debout là-dedans » ! Il est 8:00. Pour la bande sonore, une sonnerie de clairon fera parfaitement l’affaire !
Postés devant l’entrée du réfectoire, les moniteurs, goguenards, surveillent l’arrivée de leurs protégées. Il suffit de voir les difficultés de certaines pour descendre un étage après être tombées de leur lit, pour se traîner jusqu’à la table de distribution pour imaginer la journée qui va suivre… La vitesse de déplacement de ces crevettes est proche de celle des tortues cherchant un lieu de ponte sur la plage sous un ardent soleil tropical. Les moniteurs, de plus en plus heureux, se frottent les mains… « Demain, ce sera encore mieux », glisse sardoniquement l’un d’entre eux. « Elles pourront passer sous la porte sans avoir besoin de l’ouvrir, tellement elles seront à plat, voire raplapla ».
Les tartines et le cacao font un miracle, les créatures passent à la vitesse supérieure. Maintenant, on dirait les figurants de la série Walking Dead ! Petit déjeuner expédié, chacun retourne à son poste, on timbre et on retourne au turbin. Gisement épuisé (*), il est nécessaire de se remémorer la raison de notre présence ici. C’est le volleyball pour tout le monde. Le mardi est par tradition le plus long jour. Un entraînement long le matin, deux l’après-midi – c’est le jour de vérité pour celles qui n’ont pas pris la peine de faire un peu d’entretien physique durant l’été (c’est-à-dire pratiquement tout le monde) et pour celles qui ont oublié que la nuit sert pour dormir et permettre aux petits corps chétifs de se régénérer (pratiquement tout le monde également !).
L’échauffement est conduit par Merf, ce qui nous fait remarquer qu’en matière de souplesse, on avait – comment dire… un certain retard sur nos joueuses pro ! Nos jeunes semblent plus proches de bâtons de chaises que de caramels mous. Puis elle nous a montré comment jouer aux chaises musicales sans chaises et sur un terrain de volley. À ce petit jeu, ce sont Clara et Elena qui se sont montrées les plus réactives… bravo à elles ! On a bien rigolé !
Les exercices s’enchaînent, toujours avec la thématique de la transition. Inutile de dire que ce sont donc, en prime, des exercices exigeants, car on n’a pratiquement pas de phase de jeu sans tension, il faut systématiquement surveiller le retour. On adapte les exercices aux niveaux de ces petites chéries… adagio pour les petites U13 et les débutantes, andante pour les U15, allegro pour les U17 et furioso pour les grandes, ma non tropo !
Cette partition est soutenue par nos professionnelles américaines, lancées à plein régime maintenant et qui ont largement contribué à alimenter en ballons bien placés les exercices des uns et des autres. Elles commencent à appuyer leurs attaques et quelques joueuses ont encore les bras de couleur rouge Ferrari (pour les peintres du dimanche : Rosso Corsa (référence hexadécimale D40000)) !
Le repas de midi procure une première pause bien méritée, et dès 13h30, c’est reparti pour le sandwich : deux séances d’entraînement lors de l’après-midi, entrecoupées par le goûter. Enfin, l’horloge daigne enfin atteindre la marque de 18h, permettant de faire le retour au calme et d’envoyer ces demoiselles à la douche après une séance de stretching bienvenue. Cuites et recuites et rétamées… Après le repas du soir, un repos bien mérité avant l’extinction des feux permet de lier des relations et de faire des nouvelles connaissances. Enfin – c’est ce qu’on imagine, nous…
Demain, c’est mercredi – à midi ce sera déjà le milieu du camp. Et sinon, on remercie les quelques parents qui connaissent l’application « réveiller mon enfant et lui rappeler qu’elle a des neurones dans son cerveau » sur leur mobile et qui ont eu la gentillesse de l’allumer pour elles. Il reste quelques récalcitrantes… mais on s’en occupe, nous ici on a l’application « comment faire bouger une jeune fille sur un feu ardent », la version 2 d’ailleurs, qui est bien mieux que la version 1 où il y avait parfois des brûlures, ce qui était difficile à expliquer aux parents.
(*) : = Mine de rien !